Retenues de garanties : comment les gérer ?

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Vous avez terminé un chantier, livré dans les temps, avec un client satisfait… et pourtant, 5 % de la facture restent bloqués. Pas parce qu’il y a un souci. Non. Juste parce que vous avez oublié la retenue de garantie.

Cette situation, des milliers d’artisans la vivent chaque année. Parfois, ce sont quelques centaines d’euros. D’autres fois, plusieurs milliers qui dorment… ou sont définitivement perdus.

Mais pourquoi ces 5 % ? À quoi servent-ils ? Peut-on les éviter ? Et surtout, comment s’assurer de les récupérer sans stress ?

👉 Ce guide vous explique tout, en termes simples, sans jargon administratif.
Car derrière la retenue de garantie, il y a un vrai enjeu de rentabilité pour votre entreprise.

Dans cet article :

  • Vous allez comprendre comment fonctionne la retenue de garantie, et dans quels cas elle s’applique
  • On vous montrera l’impact qu’elle peut avoir sur vos marges
  • Et surtout, comment bien la gérer pour ne plus jamais la subir (grâce à quelques réflexes simples… et à Lycorne si vous voulez automatiser tout ça)

1. Comprendre la retenue de garantie : un levier de protection… et un risque pour votre trésorerie si vous la négligez

1.1. C’est quoi exactement, une retenue de garantie ?

Quand vous finissez un chantier, votre objectif est simple : tout livrer, conformément au devis, et encaisser le montant de votre chantier. Mais dans le monde réel, il arrive que certains détails restent à ajuster : un élément mal alignée, un joint pas terminé, une prise oubliée. Ces choses sont parfois mineures, mais importantes pour le client.

👉 C’est précisément pour ça qu’existe la retenue de garantie.

C’est une somme d’argent (jusqu’à 5 % du montant HT du chantier) que le client ou maître d’ouvrage – autrement dit, le commanditaire du chantier – peut garder en réserve à la fin des travaux. L’idée ? S’assurer que tout est bien conforme même après votre départ. Si tout va bien, le client vous versera cette somme plus tard. Si une finition n’a pas été faite ou qu’un petit défaut apparaît, elle permet de couvrir une intervention ou une correction.

🧱 Exemple concret :
Vous rénovez un appartement. À la réception, tout est validé, sauf une porte de placard qui frotte. Le client note cette remarque dans le procès-verbal. Il peut retenir une somme (jusqu’à 5 % du total) jusqu’à ce que vous reveniez corriger. Une fois fait, il doit vous reverser le solde.

La retenue de garantie est encadrée par la loi, et s’applique principalement dans le cadre d’appels d’offre mais elle reste souvent mal comprise ou mal utilisée, ce qui peut poser de vrais problèmes de trésorerie si vous ne la suivez pas de près.

1.2. Pourquoi ça existe ?

On pourrait croire que c’est un moyen pour le client de se protéger uniquement, mais en réalité, c’est un mécanisme équilibré. Il vise à garantir que les travaux seront terminés dans les règles de l’art, tout en vous évitant de bloquer une partie trop importante de votre chiffre d’affaires en fin de chantier.

✅ Pour le client (le commanditaire du chantier) :

  • Il garde une marge de sécurité s’il reste des finitions à faire ou si un petit défaut est constaté après la livraison.
  • Il peut inciter l’entreprise à revenir intervenir sans passer par une procédure complexe.

✅ Pour vous, entreprise du BTP, artisan ou TPE :

  • Vous n’avez pas à refaire un devis ou envoyer un salarié gratuitement : la somme retenue est prévue pour ça, et pouvez adapter votre modèle économique pour ça.
  • Si le chantier est propre, conforme et sans réserve, vous récupérez la totalité de votre dû au bout de 12 mois.

⚠️ Attention : en cas d’oubli ou de mauvaise gestion, cette somme peut rester impayée… et sur plusieurs chantiers, ça peut peser lourd.

1.3. Est-ce que les retenues de garantie son obligatoires ? Ce que dit la loi

La retenue de garantie n’est pas automatique, même si beaucoup pensent le contraire.

Elle n’est applicable que si elle est clairement écrite dans le contrat ou dans le devis signé. Si le document ne le précise pas, le client n’a pas le droit de bloquer une partie du paiement.

Les règles principales à retenir :

📌 Élément✅ Règle à respecter
Montant maximal5 % du montant total HT du marché
Durée de blocage12 mois à partir de la réception des travaux
Mention obligatoireDoit figurer dans le contrat ou le devis
RestitutionÀ condition que toutes les réserves soient levées

💡 Astuce : Dans vos devis ou vos CGV, vous pouvez mentionner explicitement si vous acceptez ou refusez une retenue de garantie. Cela permet d’éviter les litiges en fin de chantier.

1.4. Comment ça fonctionne dans la pratique ?

La question revient souvent : faut-il faire deux factures ou une seule ? Voici la réponse claire :

💼 Facturation : une seule facture suffit

Vous émettez une facture complète, à 100 % du montant des travaux. Ensuite, le client vous règle 95 %, et conserve 5 % jusqu’à la fin de la période de garantie.

Au bout de 12 mois (si tout est conforme et terminé), vous pouvez réclamer le paiement du solde. Cela peut se faire :

  • par une relance simple (puisque la facture initiale existe déjà),
  • ou en émettant une facture complémentaire spécifique pour ces 5 % (option recommandée si vous voulez bien suivre la compta).

👷 Exemple terrain :
Chantier de 30 000 € HT. Vous envoyez une facture de 30 000 €. Le client vous règle 28 500 € (soit 95 %). Les 1 500 € restants seront à réclamer un an plus tard. Si vous ne le faites pas, vous perdez la somme.

1.5. Pourquoi c’est crucial de bien la suivre

Ce montant peut paraître petit sur un chantier, mais accumulé sur plusieurs mois ou plusieurs clients, cela peut représenter des milliers d’euros en attente. L’impact sur votre trésorerie peut être très important, notamment si ces montants créent un besoin en fond de roulement imprévu et donc de la dette et de l’intérêt bancaire.

Et surtout : ces sommes ne sont pas perdues – elles vous reviennent si tout est en ordre. Encore faut-il ne pas les oublier, et les réclamer au bon moment.

🧮 Exemple chiffré :
Si vous avez 5 chantiers à 40 000 € en cours, avec une retenue de garantie de 5 %, cela représente 10 000 € de trésorerie bloquée.
Si vous n’avez pas d’outil pour suivre ces montants, c’est autant de rentabilité qui vous échappe sans même que vous le sachiez.

2. Quel impact sur la rentabilité d’un chantier ?

2.1. La rentabilité : le nerf de la guerre pour les artisans

Quand on parle de rentabilité sur un chantier, on parle d’un équilibre fragile entre ce que vous encaissez et ce que vous dépensez.

👉 Votre marge réelle, c’est ce qu’il vous reste une fois que tout est payé : matériaux, salariés, sous-traitants, charges, assurances, véhicule, essence, etc.

En moyenne, dans le BTP, la rentabilité nette tourne autour de 8 à 15 % pour les entreprises bien gérées. Sur des petits chantiers ou pour des TPE, elle est souvent plus basse, autour de 5 à 10 %. Et ça, quand tout se passe bien.

💡 Exemple :
Sur un chantier facturé 30 000 € HT, vous avez 26 500 € de coûts (salaires, matériaux, charges). Il vous reste donc 3 500 € de marge, soit 11,6 %.

Le problème ?
La retenue de garantie vient ponctionner cette marge, au moins temporairement.
Et si vous oubliez de la réclamer, elle peut tout simplement faire disparaître vos bénéfices.

2.2. Ce que vous perdez vraiment si vous ne réclamez pas la retenue de garantie

Prenons un cas concret.

🧮 Chantier à 40 000 € HT avec 5 % de retenue
→ Cela fait 2 000 € de retenue de garantie
→ Votre marge nette sur le chantier est de 10 %, soit 4 000 €
Si vous n’allez pas réclamer les 2 000 € au bout de 12 mois, vous perdez la moitié de votre marge.

Et si vous avez plusieurs chantiers en parallèle, l’impact peut devenir catastrophique pour la trésorerie :

Nombre de chantiersMoyenne des montantsTotal retenue de garantie (5%)
4 chantiers30 000 € HT6 000 €
6 chantiers40 000 € HT12 000 €
10 chantiers25 000 € HT12 500 €

Ce n’est pas de l’argent « perdu » juridiquement, mais de l’argent qui dort, voire qui s’évapore si vous oubliez de le relancer.

Et pendant ce temps-là :

  • Vos fournisseurs veulent se faire payer tout de suite
  • Vos salariés attendent leur fiche de paie
  • Vos impôts ne vous font pas crédit

2.3. Trésorerie bloquée = moins d’oxygène pour investir ou embaucher

Une entreprise du bâtiment qui tourne bien, c’est une entreprise qui encaisse régulièrement.

Quand la retenue de garantie n’est pas suivie :

  • Vous devez faire l’avance de trésorerie sur tous vos chantiers
  • Vous ne pouvez pas embaucher facilement
  • Vous hésitez à investir dans du matériel ou des véhicules
  • Vous multipliez les allers-retours de relance client
  • Vous vous servez dans votre trésorerie d’urgence pour compenser

Et plus vous grandissez, plus c’est vrai.

💥 Une entreprise avec 1,5 M€ de CA par an, qui a 5 % de retenue moyenne non suivie, a 75 000 € bloqués.
C’est une embauche. Ou un camion. Ou le maintien à flot d’un chantier difficile.

2.4. Ce que vous pouvez faire pour ne plus perdre un centime

Pour protéger votre rentabilité, il faut :

  1. Savoir exactement combien on vous retient
    • À chaque facture de clôture
    • À chaque devis signé (vérifiez la clause de retenue)
  2. Avoir un suivi clair par chantier
    • Qui doit quoi ?
    • Depuis quand ?
    • À quelle date pouvez-vous réclamer ?
  3. Mettre des rappels automatiques à 11 mois après la réception
    • Le client ne pense pas toujours à vous régler. Ce n’est pas forcément de la mauvaise foi, mais vous devez rester proactif.
  4. Émettre une facture complémentaire si besoin
    • Pour la retenue seule
    • Facilement identifiable dans votre compta

3. Comment bien gérer les retenues de garantie (et ne plus jamais les subir)

La retenue de garantie ne devrait pas être une source d’oubli ou de stress. Avec les bons réflexes, elle devient un simple point de contrôle dans votre gestion. Voici une méthode claire pour ne plus jamais la subir — ni perdre un centime.

3.1. Anticiper la retenue de garantie, c’est protéger votre rentabilité

Avant même de poser la première pierre d’un chantier, vous devez savoir si une retenue de garantie est prévue.
Pourquoi ? Parce qu’elle va directement impacter votre trésorerie et donc la rentabilité réelle du chantier.

✅ Dès le devis, posez-vous ces 4 questions :

  1. Est-ce que le client (particulier, entreprise, syndic…) prévoit une retenue de garantie ?
  2. Est-ce que c’est précisé noir sur blanc dans le contrat ou le devis signé ?
  3. À combien s’élève-t-elle (maximum 5 % du montant TTC dans le privé) ?
  4. Quelle est la date estimée de réception des travaux ?

🎯 Si la réponse est oui :
→ vous savez d’avance que vous facturerez 95 %, et que les 5 % restants vous seront versés 12 mois plus tard, à condition qu’aucune réserve ne soit en suspens.

💸 Impact concret sur la trésorerie

Ce décalage de paiement n’est pas neutre.

Prenons un exemple simple :
Vous réalisez un chantier à 30 000 €.
→ Vous facturez 28 500 € à la fin (95 %), et vous attendez 1 an pour les 1 500 € restants.

Si votre marge nette est de 8 %, cela représente 2 400 € de bénéfice prévu.
Perdre ou retarder 1 500 €, c’est perdre plus de la moitié de votre marge sur ce chantier.

Conclusion : si votre marge est trop serrée, la retenue peut la faire fondre, voire devenir négative.

📐 Ajustez vos prix ou vos clauses

Deux bonnes pratiques terrain :

  1. Adaptez votre marge :
    Sur les chantiers où une retenue de garantie est prévue, prévoyez une marge plus confortable (2 ou 3 % supplémentaire idéalement). Cela permet d’absorber le délai de paiement sans mettre votre trésorerie en tension.
  2. Clarifiez les règles dans vos CGV :
    Vous pouvez ajouter cette mention dans vos conditions générales de vente pour éviter les retenues surprises : “Sauf clause spécifique convenue par écrit au contrat, aucune retenue de garantie ne sera pratiquée. Toute retenue devra être justifiée, formalisée à l’avance et limitée à 5 % maximum.”

3.2. À la facturation : isolez clairement la retenue de garantie

Quand vient le moment d’envoyer votre facture finale ou facture de situation :

  • Indiquez clairement le montant total du chantier
  • Affichez le montant de la retenue de garantie appliquée
  • Et surtout, indiquez : “Retenue de garantie de X €, remboursable au plus tard le JJ/MM/AAAA (12 mois après réception du chantier).”

Cela permet :

  • Que tout soit clair pour le client
  • Que vous ayez une preuve écrite et datée
  • Et que vous puissiez facilement vous y retrouver dans votre compta

📄 Faut-il faire 2 factures ?
Vous pouvez :

  • Soit vous faites une seule facture à 100 % avec la retenue précisée comme déduction à part
  • Soit faire une facture à 95 %, puis une facture complémentaire de 5 % 12 mois après

Nous conseillons de faire une facture à 100% pour acter définitivement la dette auprès de votre client.

3.3. Pendant l’année : suivez et anticipez les échéances

C’est ici que beaucoup d’entreprises perdent de l’argent.
Vous terminez le chantier, le client règle 95 % de la chanson. Et plus personne ne pense aux 5 % restants.

➡️ Faites-vous un tableau simple ou utilisez un logiciel comme Lycorne.
Pour chaque chantier :

ChantierMontant total HTRetenue (5%)Date réceptionÉchéance restitution
Rénovation toiture Dupont25 000 €1 250 €12/07/202412/07/2025

Ajoutez une alerte ou un rappel automatique 1 mois avant.

Avec Lycorne :
Vous pouvez taguer chaque retenue dans votre suivi de facturation, et recevoir une notification à l’échéance pour relancer le client ou générer une facture complémentaire.

3.4. À l’échéance : relancez et réclamez ce qui vous revient

Quand les 12 mois sont passés, si aucun problème n’a été signalé pendant l’année :

  • Émettez une facture complémentaire de 5 % (si ce n’était pas fait avant)
  • Ou renvoyez un mail/lettre avec la mention : “Conformément au contrat et à la facture émise le [date], je vous remercie de procéder au paiement du solde de retenue de garantie, soit X € TTC, dû depuis le [date].”

📨 Privilégiez un envoi par mail avec preuve d’envoi. Vous pouvez aussi doubler par courrier recommandé pour les sommes plus importantes.

Si le client rechigne à payer :

  • Rappelez-lui que cette somme n’est pas une option, c’est un solde dû, sauf réserve écrite.
  • En cas de blocage, vous pouvez saisir le tribunal de commerce (rare, mais possible).

3.5.🔧 Prévoyez du temps pour intervenir et soigner la relation client

Une bonne gestion de la retenue de garantie ne se limite pas à la paperasse. Il faut aussi prévoir du temps pour intervenir rapidement si le client signale un problème — une finition à revoir, un joint à refaire, un petit SAV…

Si vous avez bien prévu les retenues de garantie, cela ’est donc ni du bénévolat, ni une charge de plus — c’est du travail valorisé.

🎯 En intervenant rapidement, vous :

  • levez les réserves avant qu’elles ne s’enveniment,
  • montrez votre sérieux et votre réactivité,
  • fidélisez le client, qui n’hésitera pas à vous recontacter sur le prochain chantier,
  • et surtout, vous sécurisez le paiement de la retenue sans discussions.

📌 À retenir : les 5 % ne sont pas bloqués “au cas où” vous seriez en défaut. Ils sont là pour garantir que vous restez disponible si besoin. En prévoyant ce temps, vous rendez service… et vous protégez votre marge.

3.6. Avec Lycorne, intégrez la gestion de vos retenues de garanties

Avec Lycorne, vous n’avez plus besoin d’un tableau Excel :

✅ À chaque facture avec retenue, vous cochez une case
✅ Lycorne calcule automatiquement la date de restitution
✅ Vous recevez un rappel à l’échéance
✅ Vous suivez l’impact de chaque retenue sur la rentabilité chantier

🔧 Lycorne n’oublie jamais une retenue. Et donc, vous non plus.

Intégrez bien la retenue de garantie pour soigner la rentabilité de votre entreprise

La retenue de garantie, ce n’est pas qu’un détail administratif.
C’est une variable directe de votre rentabilité.

5 % oubliés, c’est parfois votre marge qui s’envole.
Et sur plusieurs chantiers dans l’année, cela peut représenter des milliers d’euros que vous ne reverrez jamais, simplement faute d’organisation ou de suivi.

Mais bien gérée, la retenue ne pose aucun problème :
✅ Elle s’anticipe dans les devis,
✅ Elle s’intègre dans la facturation,
✅ Et surtout, elle se récupère dans les délais, sans se battre.

Le vrai enjeu, c’est donc de l’intégrer comme une étape normale du chantier, au même titre que la réception ou le DGD.
Et si vous utilisez un outil comme Lycorne, tout ça peut se faire automatiquement, sans prise de tête.

👉 Car ce n’est pas en travaillant plus, mais en gardant mieux ce que vous gagnez, que vous améliorez vraiment vos marges.

Alors prenez ce réflexe : encaissez 100% de vos chantiers et non à 95 %, votre trésorerie vous dira merci.